Question :
Une femme doit se tremper mais souffre d’une inflammation aux oreilles. Peut-elle se tremper sans immerger ses oreilles ?
Réponse :
le C.A (Y.D 198, 35) écrit : « elle ne se trempera pas le corps droit, car certains endroits (de son corps) seraient cachés etc. et ne devra pas séparer ses cuisses l’une de l’autre de façon exagérée, ainsi que ses bras de façon exagérée. Mais (elle se tempera) comme elle se tient quand elle marche. Si elle a modifié cette position, par exemple si elle s’est excessivement courbée ou s’est tenu exagérément droite, son immersion est néanmoins valide. Mais il y a un avis qui dit qu’elle ne l’est pas ».
Le Chout Rav Péalim (tome 2 , Y.D , 27) écrit : « …j’ai été questionné par les sages de la maison d’étude au sujet d’une femme dont, au moment de son immersion, lorsque de l’eau pénètrera les oreilles, serait malade, et qui, du coup, évite de se tremper voilà plusieurs mois. Or, maintenant, elle souhaite savoir si elle peut insérer un coton dans son oreille au moment de l’immersion. Les sages en questions ont écrit deux solutions à ce problème et m’ont demandé mon avis. Je leur ai écrit une réponse dans l’urgence, car il leur était urgent de savoir comment agir.
La seconde solution que vous avait proposé par écrit, consiste à insérer un doigt dans l’oreille, après avoir auparavant mouillé un doigt dans de l’eau en quantité suffisante pour mouiller un autre élément. Et ce en insérant le doigt dans l’oreille de façon détendue (et non rude), comme l’écrit le C.A (artc. 28) etc. Puis, vous avais émis un doute à ce sujet, car la loi en question du C.A est différente (de notre problème) en ce qu’il s’agit là-bas du cas où elle a mouillé sa main auparavant puis tient la main de son amie. Il y a donc de l’eau entre sa main et celle de son amie, de sorte à ce qu’il n’y ai pas de partie du corps où l’eau est absente. Alors que dans le cas qui nous concerne, bien qu’elle ait mouillé son doigt et qu’elle l’ai insérée dans son oreille, l’eau n’a pas pénétré le fond de l’oreille. De plus cet endroit n’est pas non plus disponible à l’entrée d’eau puisque le doigt est posé dans l’orifice. Puis, de nouveau, vous avez décidé de vous reposer sur cette solution car le problème des endroits cachés (où l’eau ne pénètre pas) est d’ordre rabbinique, comme l’affirme le Noda Biyouda (seconde édition, 64)
Vous avez trouvé aussi une autre solution, selon le Binat Adam (portique Beth Hanachim, 11) ayant rapporté la réponse du Rama’ (de Pano) qui stipule que les endroits complètement intérieures n’ont pas besoin d’être disponible à la venue de l’eau. Le Binat Adam en a déduit une permission pour une femme ayant l’oreille souffrante et ne pouvant y nettoyer les saletés incorporées. Il ressort de ses propos que le fond de l’oreille ne nécessite pas d’être disponible à l’eau. Voilà le contenu de votre texte.
Excusez-moi, mais la comparaison n’est pas pertinente. Le cas rapporté traite des saletés du fond de l’oreille, alors que dans notre cas, où elle entre son doigt dans l’oreille, il n’y a pas uniquement le fin fond de l’oreille qui est bouché mais aussi la partie plus externe de l’oreille. En effet, le doigt est inséré depuis l’extérieur et forme un écran même dans la partie plus externe, comme peuvent en témoigner nos sens, cela est évident.
Quant à votre tentative d’appuyer cette permission sur le C.A (artc.28) qui traite de celle qui tient la main de son amie et qui auparavant trempe son doigt etc. il est à noter qu’il est du moins nécessaire dans ce cas qu’elle ne tienne pas la main de son amie avec vigueur. Alors que chez nous elle entre son doigt dans l’oreille avec force. Et ce afin que même une petite quantité d’eau ne pénètre. Et elle est attentive à cela, ce qui n’est pas le cas dans l’autre problème où elle n’est pas pointilleuse quant à l’intensité avec laquelle on lui prend la main.
(…)
Elle fera donc ainsi : elle utilisera la main de son amie et non la sienne, et elle ordonnera à son amie de ne pas enfoncer son doigt avec force mais avec relâchement.
(…)
Cf. également le Ben Ich ‘Hay (deuxième année, section Chémini artc.10) qui va dans le même sens.
Voilà pour le Rav Péalim.
Précisons que le Rav Pné Arié rapporté par le Rav Péalim interdit l’immersion pour celle qui a omise d’enlever le coton qu’elle avait placé dans l’oreille pour y nettoyer les saletés. Le Pné Arié craint que l’intérieur de l’oreille ne soit pas suffisamment espacé pour que l’eau y pénètre complètement.
Le Rav Péalim en déduit qu’il en sera de même pour celle qui a inséré un coton pour des raisons de santé.
Dans le Chout Har Tsvi (YD, 170) est proposée une autre solution pour pallier à ce genre de problème : s’habituer, quelques jours avant l’immersion, à porter le coton dans l’oreille, de sorte à ce que ce coton ne soit plus considéré comme un élément dont la présence dérange (davar cheeno makpid).
Au final, le Rav Eliahou dans son Darké Tahara (16 ,23) recommande à celle qui souffre de l’oreille et à qui la pénétration d’eau est dangereuse, de demander à une amie de tremper son doigt dans l’eau du Mikvé puis d’insérer ce doigt dans l’oreille de son amie sans forcer. Mais elle ne procèdera pas à cette solution avec son propre doigt, car ainsi elle ne pourra pas être en position « de marche ». Si la solution proposée n’est pas réalisable, cette femme pourra insérer dans son oreille du coton imbibé d’huile (l’huile empêche l’eau de pénétrer l’oreille). Mais elle devra alors s’habituer à porter ce morceau de coton plusieurs jours avant le Mikvé et quelques jours après le Mikvé. Certains préfèrent que cette femme mette le coton sans huile mais en l’enfonçant un peu plus. En veillant, bien sûr, à ne pas se mettre en danger
Conclusion : en l’absence de danger, on se trempe comme d’habitude.
En cas de danger lorsqu’une grande quantité d’eau pénètre l’oreille : son amie, après s’être trempée le doigt dans le Mikvé, lui entrera le doigt dans l’oreille sans forcer.
Si cela n’est pas possible, elle insèrera un coton imbibé d’huile qu’elle portera aussi quelques jours avant et après. Si elle n’a pas le droit également de mettre de l’huile elle portera un coton sec qu’elle enfoncera le plus profond possible mais sans se mettre en danger. |