Question : Si une Brith Mila doit de dérouler le jour de Pourim peut-on réaliser le repas du Brith simultanément avec le festin de Pourim ou cela entre t-il dans le cadre de l’interdiction de mêler deux joies ?
Réponse : La Michna dans Moed Katan page 8b stipule : « on ne se marie pas pendant le Moed, qu’il s’agisse de femmes vierges ou de femmes veuves, on ‘accomplit pas le Yiboum car cela constitue pour lui une joie, mais on peut se remarier avec la femme de laquelle on a divorcé. » La Guémara demande en quoi le fait que se marier procure une joie pose t-il problème ? Et de répondre, qu’il ne faut pas mêler une joie avec l’autre. Puis elle amène une autre réponse : car ce serait laisser de côté la joie liée à la fête pour se préoccuper de la joie liée à sa femme. ».
Tossefots expliquent que ne pas mêler une joie à l’autre est un décret de la Torah comme on l’interprète à propos de Shlomo le roi, ou, selon le Yérouchalmi , du verset relatif au mariage de Yaakov. Ils donnent cependant un semblant de raison à cet interdit : de la même façon qu’on ne réalise pas plusieurs Mitsvots de manière « groupée », et ce, pour être entièrement disponible à l’accomplissement de chaque Mitsva, ainsi en est-il pour la Sim’ha, il faut être disponible pour chacune séparément.
D’autre part, Tossefots disent qu’il est permis de réaliser le repas de la Brith Mila à ‘Hol Hamoed, car ce repas n’est pas véritablement une joie, compte tenu de la souffrance qu’éprouve le nouveau-né. Autre raison : puisque ce repas doit être réalisé à un moment précis, il ne convient pas de le repousser en raison de la fête. Mais concernant la Séouda du Pidion Haben il y a lieu de s’interroger, disent-ils, s’il peut être fait pendant la fête, dans le cas où le Pidion n’a pas été réalisé en son temps. Finalement ils proposent de dire que l’on tient comme Rav Achi qui dit dans ‘Haguiga que la raison pour laquelle on ne se marie pas pendant le Moed est que l’on lit : « et tu te réjouiras pour la fête » et que l’on interprète : et pas pour ta femme.
Donc il n’ya pas de problème à mélanger les joies, car c’est pour une autre raison que le mariage est interdit pendant la fête. De plus, il est possible que même si l’on ne doit pas mélanger les joies, ceci n’a été dit que concernant la joie du mariage, et non les autre occasions de joies.
Le Choul’han Aroukh (696§8) dit : « On peut épouser une femme à Pourim. » Le Rama ajoute : « qu’il s’agisse du 14 ou du 15. Et a fortiori que l’on peut racheter le fils ». Le Michna Beroura commente que cela ne ressemble pas au cas du mariage un jour de fête où il est dit qu’il ne faut se réjouir que de la fête, car Pourim n’est pas un ‘Hag. Le Maguen Avraham recommande de faire la ‘Houpa le 13 et la Séouada le soir. Mais le Chaaré Téchouva témoigne que dans sa contrée la coutume est de permettre, comme le Choul’han Aroukh. Quant au ‘Hemed Moché, il préconise de faire la ‘Houpa à la fin de la journée du 14, et la Séouda, de la faire auparavant. Le Kaf Ha’hayim amène également l’opinion strict du Maguen Avraham. Celle-ci se base sur le fait qu’il n’y a que la fête – ‘Hag – où l’on ne se marie pas, mais Pourim ne constitue pas une fête. Or, dit le Maguen Avraham, nous, nous tenons aussi que de manière générale on ne mêle pas une Sim‘ha à l’autre, donc Pourim est aussi exclu. Selon lui on fera la ‘Houpa le 13. Le Pri ‘Hadach est également d’avis que l’on n’épouse pas une femme à Pourim. Ainsi que le Ateret Zékénim. Le ‘Hida dans son Birké Yossef fait remarquer que le très grand Rav Its’hak Hacohen, bien qu’étant un élève du Pri ‘Hadach a recommandé en pratique que l’on puisse se marier à Pourim, comme le tranche notre maitre le Choul’han Aroukh. Ses propos sont rapportés par le Chaaré Téchouva.
Pour résumer il y a une discussion autour de cette question. Il sera donc prudent si possible de se marier avant Pourim pour être quitte selon toutes les opinions. Mais si pour une raison ou une autre cela s’avère impossible alors la chose sera permise. On s’efforcera alors de faire la Séouda avant la ‘Houpa.