Réponse :
Comme les jours qui vont du 17 Tamouz au 9 Av sont des jours difficiles pour Israel, il y a lieu de se demander s’il est permis ou pas d’aller en vacance, de se promener, de se baigner, etc.
Dans le célèbre ouvrage Piské Téchouvot (chapitre 551,1), l’auteur déconseille de se rendre dans des endroits réputés dangereux, ainsi que d’organiser des randonnées durant cette période. En particulier durant les 9 jours qui vont de Roch ‘Hodech jusqu’au 9
Av. En note il donne comme référence le Sdé ‘Hémed au nom du Rav ‘Hayim Falaggi, qui rapporte une décision prise au nom de la Torah et qui interdit les ballades dans les jardins, au bord de mer, etc.
Toutefois, c’est étonnant que le Piské Téchouvot rapporte une décision qui a l’air d’être une décision locale (en Turquie) et datant de longtemps. Cela a priori n’engage pas tout un chacun aujourd’hui.
La preuve que ce n’était pas l’usage ancestral est que nous trouvons chez le Mahari Brona, par exemple (réponse 12) que beaucoup avaient l’habitude de se baigner dans des fleuves pendant cette période.
Le Choul’han Gavoa rapporte que l’usage de Salonique était de se baigner y compris la veille du 9 Av.
D’autre part, le Piské Téchouvot rapporte également en note le livre Mékor ‘Hayim (14). Or un coup d’œil dans le livre en question suffira pour se rendre compte qu’il n’a pas donné de consigne impérative mais a simplement fait un constat, celui que beaucoup évitent de se baigner dans des fleuves à cause des dangers. Certes, le fait qu’il rapporte cet usage est peut-être un signe qu’il y souscrit, mais cela ne constitue pas un arrêté halakhique à proprement parler.
Le Or Létsion (tome 3, chapitre 25) permet, quant à lui, d’aller à la mer ou à la piscine pendant Ben Hamétsarim, et ne voit pas de raison de craindre un danger. Certes il recommande de ne pas se montrer indulgent pendant la semaine où tome Tichéa Béav, car on ne se lave pas pendant cette partie de la semaine, y compris à l’eau froide. Mais certains autorisent de se laver à l’eau froide et donc cette interdiction ne fait pas l’unanimité.
On trouve dans le livre Or’hot Rabénou (tome 2, page 129) que le Rav Israel Kanievsky (le « Steipeler ») interdisait aux membres de sa maison d’aller à la mer durant Ben Hamétsarim. Il ajoutait que certes au plan de la loi la chose est permise, mais il faut tenir compte du fait que ce sont des jours qui ne portent pas un bon Mazal et qu’il faut donc éviter le danger.
Voir aussi l’ouvrage Téchouvot Véhanhagot (tome 2, page 263) où l’auteur permet la baignade en dehors des 9 jours (c’est la coutume achkénaze, les Séférades s’interdisent le lavage uniquement la semaine du 9 Av. Mais le Rav Mordekhay Elihaou, comme les maitres de la tendance du Ben Ich ‘Hay, imposent un respect des lois de cette période proche des coutumes achkénazes.). Ceci étant, il précise qu’on ne se baignera pas dans les eaux profondes à cause du danger. On voit bien qu’il y a autorisation, mais que la prudence s’impose dans l’application de cette autorisation.
Il faut souligner qu’aujourd’hui, où il y a un maitre-nageur, les dangers sont moins importants. Certes, on entend souvent qu’il arrive des noyades à D. ne plaise, mais ce sont généralement dans des plages où il n’y a pas de maitre-nageur, ou lorsqu’il y a eu un éloignement important du bord de même. Les noyades en dehors de ces cas de figures, même si elles existent sont assez rares pour que l’on interdise à tous et à toutes de ne pas se baigner. |