Réponse :
C’est une très bonne question, qui a été traitée et discutée par les décisionnaires actuels.
Ce que nous allons écrire dans le cadre de cette réponse prend en considération particulièrement les décisions et les conseils du Rav Mordekhay Eliahou dans plusieurs de ses écrits.
La première chose à dire est qu’il est recommandé, dans la mesure du possible, de préparer le Té’hina avant Chabbat. En la mettant au réfrigérateur, cela ne posera aucun problème de fraicheur. Ainsi, on évitera les problèmes inhérents à la préparation de la Té’hina, comme nous allons le voir.
Dans l’un de ses écrits, le Rav Mordekhay Elihaou résume les interdits qui peuvent accompagner la préparation de la Té’hina, si l’on n’y prend pas garde :
1 – l’interdit de To’hen (moudre) dans le cas où l’on coupe l’ail en tout petit morceaux, pour l’ajouter à la Té’hina.
2 – l’interdit de Dach (dans sa version rabbinique), consistant à séparer le grain de son enveloppe. Cela peut se présenter si l’on presse un citron (en vu de l’ajouter à la Té’hina) dans un récipient vide. (en revanche, il y a des manières de presser un citron de façon autorisée, cf. le Ben Ich ‘Hay).
3 – l’interdit de Borer, ou trier. Cela peut se passer si l’on retire le pépin du citron.
4 – l’interdit de Lach. Il consiste à faire, par exemple de la pâte, en mélangeant l’eau et de la farine. Concernant la Té’hina, si, en cours (ou en début) de préparation, se forment des petits morceaux, on ne peut pas les mêler de nouveau avec l’eau.
Les 3 premières recommandations ne sont pas liées au mélange de la Té’hina elle-même mais à des ajouts éventuels que certains ont l’habitude d’ajouter pour agrémenter la préparation. Il faut donc en prendre compte. Pour cette présente réponse, nous nous contenterons de traiter la préparation de la Té’hina elle-même, sans ajouts.
Le Rav Eliahou a l’air de considérer que si le mélange reste relativement liquide, jusqu’à la fin de la préparation, il n’y a pas de problème.
En revanche, si des agrégats de Té’hina en viennent à se former, on ne pourra plus continuer, car ce faisant, nous allons rendre liquide ce qui est solide.
Certains décisionnaires, pour contourner le problème de Lach (pétrir), préconisent de mélanger de manière différente de la manière habituelle. Par exemple, si l’on a l’habitude de mélanger avec une cuillère, on le fera cette fois avec une fourchette.
De même, on peut changer la manière de mélanger. Au lieu de faire des tours circulaires, on peut faire le mélange en faisant avec la fourchette des mouvements horizontaux et verticaux.
Ainsi, le mélange sera fait avec un changement par rapport à la manière habituelle, ce qui rend le problème beaucoup moins grand.
Le Rav Mordekhay Eliahou fait remarquer que parfois, on observe au fond d’une boite de Té’hina, des résidus solides. Si c’est le cas, dit-il, on n’aura pas le droit de les mélanger avec de l’eau car on transgressera la Mélakha de Lach.
Le Rav Mordekhay Eliahou fait remarquer également, qu’il y a des gens particulièrement habiles qui, immédiatement après avoir versé l’eau à la Té’hina les mélange rapidement. Or, lorsqu’on mélange patiemment et lentement, on arrive souvent à ne pas former de matière solide. On obtient dès le départ un mélange homogène. Alors que lorsque l’on procède d’un seul coup, il y a d’abord une phase ou le tout forme un bloc solide, et c’est cette étape qui pose problème.
Par conséquent, et en conclusion, la meilleure solution est de préparer la Té’hina avant Chabat. Si cela n’a pas été fait, on veillera à mélanger, si possible avec un changement, sans former de blocs solides mais directement un mélange homogène et relativement liquide. |