Réponse:
Vous posez une excellente question.
De manière générale , les Sages ont interdit de donner de la nourriture à un animal le Chabat, pour ne pas se fatiguer de manière inutile.
Mais cela est valable concernant des animaux dont la nourriture ne m’incombe pas. Ces animaux peuvent se nourrir seuls, il n’ont pas besoin de moi pour se nourrir. Ce ne sont pas mes animaux et par conséquent d’autres personnes s’en occuperont, ou alors ils iront se nourrir eux-mêmes, comme beaucoup d’animaux savent le faire.
En résumé, les animaux qui tombent sous ma responsabilité, je dois les nourrir, pas les autres. A priori, l’autorisation (voir la nécessité) de nourrir les animaux provient de Tsa’ar Ba’alé ‘Hayim. Il ne faut pas faire souffrir des animaux, ou les laisser souffrir.
La question se pose de savoir si le souci de nourrir les animaux lorsque cela est autorisé se limite à mes propres animaux, ou concerne aussi les animaux des autres, ou encore même les animaux qui sont dans l’espace libre et n’appartiennent à personne.
La réponse à cette question n’est pas évidente. Nous allons essayer d’y répondre. Dans le chapitre relatif à ces Halakhots, le chapitre 324 du Choul’han Aroukh Ora’h ‘Hayim, il y a un cas particulier, qui est celui du chien. Le chien peut et doit être nourri, nous disent les maitres, car l’on voit que D. s’occupe de sa nourriture en particulier. On constate par exemple que sa nourriture se maintien dans son corps pendant trois jours.
Or, le Maguen Avraham comprend que ce souci de nourrir le chien, par compassion, est valable y compris lorsque ce chien ne nous appartient pas mais qu’il est à l’extérieur. En effet, il y a une Mitsva à nourrir le chien, qui ne se limite pas à son propre chien !
On constate donc que les animaux « de l’extérieur » peuvent aussi être nourris.
Ceci dit, il est possible que seul le chien soit concerné par cette dérogation. Car, comme dit, il fait l’objet d’un traitement à part qu’on ne voit pas chez les autres animaux.
Pourtant, la logique impose de se soucier aussi des autres animaux. Car si c’est par compassion que l’on doit se soucier du chien, comment ne pas se soucier aussi des autres animaux qui risquent de souffrir sous prétexte qu’ils ne sont pas des chiens ?!
Le Biour Halakha rapporte un cas intéressant, celui d’oiseaux qu’il faut nourrir mais qui ne sont pas les miens. Ce sont ceux d’un autre juif. Le Biour Halakha prétend qu’on peut les nourrir car ils appartiennent à un juif. Autrement dit, puisqu’il y a devoir de nourrir ces animaux, une autre personne que leur propriétaire aussi peut s’en soucier.
Il ressort du Biour Halakha que si un animal ne m’appartient pas et qu’il n’appartient pas à un autre juif, je ne suis pas tenu de m’en occuper.
Mais, comme nous l’avons indiqué, cela serait au prix d’une souffrance animale!
En conclusion:
Les Sages ont permis de nourrir les animaux dont la nourriture m’incombe et qui ne peuvent pas se nourrir eux-mêmes.
Le chien fait office de petite exception, il y a une sorte de Mitsva à le nourrir si cela est nécessaire, y compris s’il ne m’appartient pas. (si c’est un chien dangereux, je n’ai pas de devoir de le nourrir car je n’ai même pas le droit de l’élever.) .
Concernant un autre animal qui sera sans nourriture le Chabat, mais qui ne m’appartient pas, il semble qu’il n’y ait pas d’obligation formelle à s’en occuper, mais celui qui lui donne de la nourriture fait apparemment une Mitsva. Il sera préférable de demander à un non juif de lui amener la nourriture. |